Avant l’église actuelle
Au IIIe siècle, existait en ces lieux, un BALNÉAIRE GALLO-ROMAIN qui brûla lors de l’invasion germanique, vers 275 (on y soupçonne aussi la présence antérieure d’un menhir).
Saint Firmin, venu évangéliser la région, est arrêté puis délivré de la prison par les habitants de la ville. Il décide d’élever sur le lieu de sa détention une église dédiée à saint Étienne.
Celle-ci fût sans doute un lieu de culte important, d’autant qu’en 982, elle récupère, pendant 12 ans, les reliques de Saint-Vaast (Évêque d’Arras), qui aurait, autrefois, fait de nombreux miracles dans la région.
Mais en 1180, un grave incendie ravage la ville et endommage sérieusement l’église…
L’église romane du XIIe siècle
Après l’incendie, on décide de reconstruire une nouvelle église au XIIe siècle. C’est aujourd’hui, la nef et le transept que l’on peut voir. Le chœur de l’époque n’existe plus. Il était, d’après des fouilles, long de 25m et large de 18. Plus petit que celui d’aujourd’hui, mais, bien en harmonie avec la nef.
Un lieu important pour la ville
Les moments solennels de la ville se déroulent contre le bras nord du transept, sur une tribune appelée « tribune aux harangues ». L’église Saint-Étienne possédait aussi un cimetière sur sa partie nord. Ce dernier a disparu.
Il n’existe pas beaucoup de documents concernant l’église, du XIIe au XVIe siècle. Il semble que l’édifice n’ait pas beaucoup à souffrir de la Guerre de Cent Ans. La vie autour de l’édifice est très prospère, notamment dans la draperie. À la fin du XIVe siècle, la commune met en place une horloge et une cloche, dans le clocher (aujourd’hui disparu), à la croisée du transept. La vie des artisans s’en trouvera ainsi rythmée. L’horloge et la cloche resteront jusqu’à la Révolution.
La reconstruction du chœur au XVIe siècle
Comme dans de nombreuses villes, c’est une période de reconstruction sur Beauvais. De nouvelles églises apparaissent ; la cathédrale se voit dotée de son transept. L’église Saint-Étienne ne peut être en reste. Un nouveau chœur est construit, dans un style Gothique flamboyant, comme cela se fait à l’époque. On commence le pourtour en 1506, puis on entame le grand autel en 1522 Le chantier est dirigé par Michel de Lalict, celui-là même qui termina le transept de la cathédrale.
Dans ce quartier bourgeois, les nouvelles chapelles s’embelliront très vite. De somptueux vitraux sont installés. La construction se termine par la mise en place d’un imposant jubé, et d’une clôture qui enferme le chœur afin que les chanoines soient chez eux.
Du XVIIe siècle à la veille de la Révolution
En 1579, avec la construction du nouveau chœur, la solidité du clocher situé à la croisée du transept est devenue préoccupante. On engage d’importants travaux pour démolir et reconstruire les 2 gros piliers à l’est du transept. On choisit aussi d’élever une tour monumentale à l’emplacement des 2 premières travées nord de la nef. En 1672, l’ancien clocher, même reconstruit, n’est toujours pas sûr, car reposant sur des pierres trop abîmées. Le clocher est donc démonté, et les cloches transférées dans la tour. En 1674, les travaux sont achevés. Le rêve d’une nouvelle nef, tombant par la-même dans l’oubli !
Au XVIIIe siècle, on travaille à l’embellissement de l’édifice. Il faut aussi réparer les nombreux dégâts engendrés dans le chœur par un violent ouragan en 1702. En 1731, le jubé, jugé inadapté, est remplacé par une grille, de même que sont retirés les murs qui entourent le chœur. En 1774, le maître d’autel, tel qu’on peut le voir aujourd’hui, est installé.
Suite à un ordre royal demandant de retirer les cimetières du centre des villes, celui de l’église Saint-Étienne, le plus grand et le plus ancien de Beauvais, est supprimé.
De la Révolution à aujourd’hui
Pendant la Révolution, l’église Saint-Étienne n’échappera pas à la guerre contre les édifices religieux. En 1792, la tribune aux harangues est démolie, les cloches fondues, le mobilier et les statues vandalisées et le dôme de la tour démoli sans précaution. Finalement, l’église est réaménagée en réserve de fourrage et d’avoine. On perce une porte sous le vitrail de l’Arbre de Jessé, en détruisant sa partie basse. La chute de la Rose du chœur entraîne les combles au-dessus de la chapelle de la Vierge.
Le culte n’est rétabli dans l’église qu’en 1796. On récupère un buffet d’orgue et 2 petites cloches de l’ancienne église St Sauveur). L’édifice se voit aussi dotée d’un autre orgue plus petit, provenant d’une abbaye. Mais pour des restaurations complètes, il faut beaucoup d’argent…
Au XIXe siècle, Louis Graves, archéologue beauvaisien, propose à la commission des Monuments Historiques de classer l’église, ce qui sera fait le 25 avril 1846. Il faudra encore attendre 1892 pour que des fonds débloqués permettent d’effectuer les réparations les plus urgentes.
Après les dégâts du bombardement de 1940, les vitraux qui avaient été mis à l’abri, sont remontés et les restaurations effectuées.