L’ART FRANÇAIS dit « GOTHIQUE » à BEAUVAIS
L’art français est né en Île-de-France au XIIe siècle d’un renouveau de l’architecture et de la théologie. Il s’agit de faire entrer la lumière, symbole de la lumière divine. En traversant les vitraux historiés, la lumière du soleil se colore de la parole de Dieu. Ce n’est qu’au XVIe siècle (Giorgio Vasari en 1530) qu’il a été appelé « gothique » (barbare), avant d’être remis à l’honneur par les Romantiques au XIXe siècle.
Les origines de l’art français
L’art français, apparait pour la première fois à l’abbaye de Saint-Denis (1135) (photo de gauche). L’abbé Suger (1081-1151) est sans doute un des principaux concepteurs de cet art nouveau avec les architectes de la cathédrale Saint-Étienne de Sens (à droite).
Il a fait écrire sur le portail de la basilique de Saint-Denis :
« Lumineux est le noble ouvrage et, s’il brille avec noblesse, il illuminera les esprits et les conduira à la grâce des lumières vraies, vers la Vraie Lumière dont le Christ est la vraie porte. »
La première cathédrale « gothique » est celle de Sens, commencée vers 1135 elle aussi. À l’époque, cette cathédrale a une grande importance, car l’évêque de Paris dépend alors de l’archevêque de Sens. La première cathédrale « gothique » de Picardie est celle de Noyon (1140). Celles d’Amiens et de Beauvais dont les voutes s’élancent encore plus vers le ciel, datent du XIIIe siècle.
La cathédrale Saint-Pierre et son chœur du XIIIe siècle
C’est le sommet de l’art français dit « gothique ». Au XIXe siècle Viollet-le-Duc qualifie la cathédrale de « Parthénon de l’art français ». Les voûtes de son chœur s’élèvent à plus de 48 m, quant à l’arrête du toit du chœur, elle culmine à 63 m. La cathédrale se voit de loin ! Les plus grosses maçonneries sont celles des contreforts, perpendiculaires aux murs de l’édifice, qui sont, eux, largement ajourés par de grandes baies vitrées. Le transept du XVIe siècle a respecté la partie plus ancienne en y ajoutant la finesse de la décoration du « gothique » flamboyant.
L’intérieur du chœur de la cathédrale
La lumière largement diffusée par les grandes fenêtres du chœur attire le regard vers le haut. En dessous, à chaque niveau, de grandes ouvertures laissent entrer une lumière reposante, colorée par les vitraux.
La lumière, colorée par les vitraux, joue avec la pierre. Ici dans les voûtes de l’abside, au soleil couchant.
Un vitrail du XIIIe siècle
Les vitraux des parties basses, étaient de véritables bandes dessinées racontant la vie de Jésus ou des saints.
Il fait partie du vitrail de l’enfance du Christ, qui, avec l’arbre de Jessé, occupe le centre de la chapelle axiale dédiée à Marie.
Les véritables tableaux peints de la rose de la Création de la rose sud de la cathédrale, datant du XVIe siècle, jouent ici avec la pierre dans un chatoiement de couleurs.
La voûte du chœur de la cathédrale
Une des caractéristiques de l’art français dit « gothique » est l’utilisation systématique de voûtes en arrête sur croisée d’ogive. Ce type de voûte permet de diminuer la pression exercée sur les contreforts ou les arcs-boutants. Le poids de la voûte est aussi allégé. Dans le chœur de la cathédrale de Beauvais, du côté de l’abside, la voûte est d’origine (XIIIe siècle) Cette partie ne s’est pas effondrée en 1284.
Le milieu de la voûte date du XIVe siècle, à la fin de la reconstruction. Du fait de l’ajout de piliers supplémentaires, coupant les anciennes travées, la voûte est sexpartite (divisée en 6 parties). La voûte des deux premières travées a dû être reconstruite à la fin du XVIe siècle, à la suite de l’effondrement de la tour lanterne de la croisée du transept. À la reconstruction, comme dans le transept du XVIe siècle, la forme sexpartite a été respectée.
Un chapiteau et son décor végétal
Les chapiteaux « gothiques » ont toujours un décor végétal. Ils symbolisent la canopée (la voûte des arbres) qui sépare la terre du ciel.
Les chapiteaux les plus anciens ont un simple décor de feuilles d’acanthe, simplifiées en palmettes, comme sur le fond de ce chapiteau. Le sommet de la feuille est recourbé en un crochet plus ou moins complexe. Au XIIIe siècle, on y ajoute des feuilles de végétaux, de mieux en mieux observés, comme ici les feuilles de chêne, d’aubépine et d’érable.
Les arcs-boutants laissent largement passer la lumière
Les arcs-boutants, destinés à soutenir la poussée de la voûte, permettent de construire des édifices de grande hauteur. Ils sont assez fins pour laisser passer la lumière du soleil jusqu’aux grandes verrières garnies de vitraux.
Il faut aussi penser à évacuer les eaux de pluie, pour cela les gargouilles permettent d’écarter les eaux de pluie des murs de la cathédrale. Elles représentent des souvent des animaux fantastiques ou plus rarement des personnages comme le moine avec son capuchon que l’on voit ici à gauche.
Par leur forme et leur fonction, elles font partie des sculptures les plus fragiles. Beaucoup ont été remplacées depuis le moyen-âge.
À Beauvais, contrairement à Amiens, l’arc-boutant est double, ce qui permet de l’alléger. L’arc du bas est celui qui soutient la poussée de la voûte. L’arc du haut sert à l’évacuation des eaux de pluie. Pour cela, il doit arriver jusqu’à la base du toit.
Le chœur de l’église Saint-Étienne (XVIe siècle)
Construit au XVIe siècle, il est de style « gothique » flamboyant.
L’intérieur du chœur de l’église Saint-Étienne (XVIe siècle)
Il est éclairé par de larges baies vitrées de blanc ce qui contraste avec la nef romane plus sombre. Les chapelles possèdent de somptueux vitraux réalisés par les ateliers beauvaisiens qui sont très réputés au XVIe siècle.
Les clés de voûte du style flamboyant
La maîtrise des sculpteurs du XVIe siècle leur permet toutes les fantaisies !
L’art du vitrail à son apogée
Ce sont de véritables peintures sur verre que nous offrent Engrand Le Prince et ses successeurs à Beauvais.